Bulle immobilière et chasse aux niches fiscales
Plusieurs rapports ont récemment fait état de prévisions portant sur une prochaine accalmie des prix immobiliers, évoquant entre autres la possibilité d’une suppression des aides publiques soutenant le secteur.
Bulle immobilière. Les deux mots sont désormais partout. Forums sur Internet, leitmotivs de certains économistes, et désormais sujet favori des éditorialistes de la presse écrite, l'expression est désormais bien plus qu'un simple concept. Tels les journalistes de la presse américaine qui, naguère, citaient Nouriel Roubini pendant la crise de Lehman Brothers, ces derniers se référent aux propos qui seront, demain peut-être, avant-gardistes, de Jacques Friggit et de Mathilde Lemoine. Tous deux ont averti bien avant d’autres du possible aspect artificiel d'un tel gonflement des prix, notamment à Paris. Et de l'avis de nombreux instituts, la bulle pourrait bientôt se dégonfler, du fait d'un moindre soutien de la part des pouvoir public vis à vis du secteur immobilier.
Deux études sont venues accréditer cette hypothèse. La première a été émise mercredi par le BIPE. Cette société d'études économiques et de conseil en stratégie n’exclut pas une baisse des prix en 2012 du fait d’un affaiblissement de la demande. Dès les prochains mois, elle s’attend d’ores et déjà à « un ralentissement progressif des prix ».
La seconde a été publiée hier par l'agence de notation Moody's. Celle-ci a indiqué que les banques françaises sont en mesure d'absorber une correction modérée des prix immobiliers, tout en précisant que le niveau de risque augmentait. A l’inverse de certains observateurs du marché, Moody’s, qui n’a aucun intérêt dans le marché immobilier français, met fin au mythe du déficit d’offre de biens comme explication principale à l’envolée des prix.
Selon Moody's, les fondamentaux du marché français de l'immobilier -- tel que le déficit structurel de l'offre -- ne peuvent à eux-seuls justifier l'envolée des prix des dernières années dans ce secteur
Pour l’agence, l’explication tient notamment au rôle de l’Etat, qui, à force de trop d’interventionnisme dans le marché, déstabilise ce dernier.
Cette tendance serait, d'après Moody's, imputable à l'effet combiné de facteurs conjoncturels et de mesures temporaires de soutien à l'économie, appelés, selon l'agence, à être remis en question à court et moyen termes.
L’étude du BIPE ne dit, quant à elle pas autre chose:
Le BIPE n’exclut pas totalement le risque d’une nouvelle orientation des prix à la baisse à partir de 2012, sur un marché où une part de la demande est soutenue par des aides publiques menacées par d’éventuels plans d’austérité.
Or la crise actuelle de la dette en Europe a remis en question ses politiques de soutien à l'économie. Au keynésianisme généralisé consécutif à la crise de 2008, a succédé une vision plus libérale de la gestion des finances publiques. L'heure est désormais à la maîtrise des déficits publics, et à la réduction de la dette. Dans ce contexte, la France n'a pas eu encore de pressions comparables à celles que connaissent actuellement, à des degrés divers, la Grèce, l'Italie, le Portugal, où l'Irlande. Le pays fait encore partie des bons élèves de la zone euro, et n’est pas à ce titre harcelé par les marchés financiers, comme en atteste l’écart relativement stable entre les taux de l'OAT et ceux des Bunds allemands. Mais pour maintenir cet écart à un niveau raisonnable voire le réduire, la France devra encore faire des efforts dans les années à venir. Et notamment aller plus loin dans la réduction des chasses aux coûts dans le budget de l’Etat.
François Baroin et la chasse aux niches fiscales... immobilières
Aussi si le vent venait à tourner, les dispositifs coûteux, tels que le Scellier, où le PTZ plus ne manqueraient pas, dans les mois à venir, d'être dans le collimateur de Bercy. Idem pour le taux de 5,5% de TVA qui s’applique aux travaux portant sur des locaux d’habitation achevés depuis plus de deux ans. La mesure, tout comme le Scellier, s'achève au 31 décembre 2011. Il y a fort à parier qu'avec l'arrivée de François Baroin au ministère de l'économie et des finances, le dispositif ne sera pas reconduit. On se souvient notamment que ce dernier avait plaidé pour une chasse rigoriste aux niches fiscales, quitte à s'attaquer notamment à la TVA à 5,5 % applicable à la restauration, contre l’avis, à l’époque, d'une certaine Christine Lagarde, désormais au FMI.
Reste que cette réduction des dépenses publiques pourrait bien être soumise à d’autres contraintes, plus politiques cette fois. On pourrait ainsi redouter que cette chasse aux niches soit sacrifiée sur l’autel d’un électoralisme souvent couteux pour les finances de l'Etat. Reste que cette fois-ci, la situation internationale est bel et bien différente, et les français en sont conscients. Le nouveau locataire de Bercy est peut-être, dans cette optique, l’homme de la situation. Se montrer adepte de la rigueur - comme l'a été François Baroin à l'occasion des débats de la loi de finances 2011 - n'est pas forcément impopulaire, bien au contraire. Nul besoin en effet de manier l’anglais, voire même l’allemand, pour réduire le déficit public : il faut faire simplement preuve de courage politique. La seule diplomatie nécessaire au tandem Baroin-Pécresse sera celle dont il devra faire preuve avec des parlementaires inquiets vis-à-vis des prochaines échéances électorales, et de ce fait peu enclins aux reformes tous azimuts.
François Baroin dispose de ce point de vue, tout comme son principal soutien, François Fillon, d’un certain savoir-faire en la matière. C’est sans doute - avec le coup de sang de l’intéressé - ce qui a poussé Nicolas Sarkozy à opter pour l’ex-chiraquien. Il sait que c’est sur le terrain économique que se gagnera la campagne 2012, et, en cela François Baroin, en bon politique, devrait sans doute mieux mettre en avant l'héritage des années Lagarde qu'un Bruno Le Maire. Tout en assumant une certaine image de rigueur. Rompant depuis quelques mois avec sa stratégie de saturation de l’espace médiatique, et en limitant ses interventions aux seules thématiques économiques, le Président de la République espère gagner en crédibilité en la matière. Quitte à faire oublier, avant cela, le concept désormais désuet d’une France de propriétaires…
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Ca va peter… n’en déplaise aux pros du milieu…. hahahahhahahahahahhaa