« La perte du triple A n’aura aucune incidence sur les taux » | Lyon Pôle Immo

« La perte du triple A n’aura aucune incidence sur les taux »

Pour Pascal Beuvelet, président du groupe In&Fi, la politique restrictive des banques en matière de crédit va se poursuivre en 2012. Selon lui, les taux de crédit sont décorrélés des taux de l’OAT.

Quelles seront, selon vous, les conséquences de la perte du triple A ?

Sur le plan macroéconomique, la perte du triple A était largement anticipée. Il n’y aura pas d’impact, en France, et le refinancement ne sera pas, à mon sens, significativement plus cher dans les prochains mois. Sur le plan pratique, la perte d’un A n’aura aucune incidence sur les taux immobiliers. Ceci peut faire varier les taux de l’OAT, et donc le montant que l’Etat devra payer pour ses émissions d’obligations d’Etat. Mais l’OAT n’a, lui, rien à voir avec la fixation des taux de crédit immobilier : affirmer qu’il y a une relation mécanique est une aberration. Les banques ne se refinancent pas avec l’OAT. Elles se financent soit entre elles, soit auprès de la BCE : il y a un mois, elles ont, par exemple, emprunté 489 milliards d’euros à 1% lors d’une opération spéciale. C’est ceci qui constitue le financement des banques, et qui va servir à déterminer leurs taux de marché : sur ce taux, elles vont réaliser des calculs pour appliquer des marges. Les banques vont se positionner par rapport aux politiques commerciales de leurs concurrentes. Le taux de l’OAT n’est pas un élément technique : ce peut être un élément de référence, et encore… Ca l’était à une certaine époque, car comme tout était stable, on pouvait dire que les courbes des crédits immobiliers suivaient l’OAT. Mais on ne peut pas dire que le taux des prêts immobiliers suit celui des obligations d’Etat : si tel était le cas, on emprunterait en Grèce à des taux de 30% !

On peut pourtant imaginer que les banques observent malgré tout les taux payés par l’Etat pour déterminer le taux qu’elles vont appliquer aux particuliers de cet Etat pour déterminer un taux de marché…

Ce n’est pas du tout ça. La banque analyse à combien elle achète l’argent. Lorsque la BCE distribue 489 milliards à 1%, elles empruntent toutes à la même valeur. C’est certes sur 3 ans, mais les banques font de la titrisation : elles prêtent à 10 ans et revendent par la suite ce titre de prêt à d’autres acteurs. L’emprunteur va continuer à rembourser sa banque, mais l’argent va transiter pour rembourser le porteur du titre. Les établissements jouent ainsi sur les maturités de la dette : la banque n’emprunte jamais à 25 ans. Dans l’intervalle, les établissements se refinancent. S’ils montent un crédit sur 25 ans, ils le revendront l’année prochaine, et vont trouver quelqu’un qui achète cette dette. Pour cela, il faut que cette dette soit bonne, et que le gage, c’est-à-dire le bien immobilier, soit bon. Il faut dès lors que les durées de prêt soient plus courtes, qu’un apport personnel soit exigé, et que les taux soient intéressants. C’est pour cette dernière raison que l’on remonte actuellement les taux.

La politique de risques de la banque est donc déterminante…

La nouvelle politique de risque des banques est plutôt salutaire. Evidemment, si l’on veut une France de propriétaires à 70%, on va avoir du mal à y arriver dans ces conditions. Car ipso facto, cela va éliminer ceux qui sont trop juste au niveau du financement.

Une étude récente de la Banque de France montre que les banques ont durci leurs conditions d’accès au crédit immobilier. Ce mouvement va-t-il se poursuivre en 2012 ?

Oui, assurément. Même si les banques peuvent toujours faire des conditions avantageuses à des gens qui ont des revenus importants, de manière générale, les banques vont renforcer leurs conditions d’octroi, et pour longtemps. Le régulateur actuellement en matière d’immobilier, c’est l’accession au crédit. L’achat est actuellement payé à 95% par un emprunt. Or si la personne qui achète n’a pas son emprunt, elle ne paie pas. Du fait de la politique des banques, il y aura moins d’emprunteurs éligibles au crédit. De ce fait, automatiquement, les vendeurs seront obligés d’adapter leurs prix de vente aux possibilités d’achat des acheteurs, et ce avant même la notion d’offre et de demande. Ce sont les conditions de crédit qui vont faire le marché. Comme on prévoit une baisse de la distribution de crédit – on parle de 130 milliards contre 160-170 l’an dernier – on peut légitimement penser que la baisse du nombre de transactions sera légèrement inférieure à la baisse du volume de crédit. Seul le haut de gamme ne sera pas touché.

 






Si vous avez apprécié cet article, s'il vous plait, prenez le temps de laisser un commentaire ou de souscrire au flux afin de recevoir les futurs articles directement dans votre lecteur de flux.

Commentaires

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire

(requis)

(requis)


Une reprise de la production de crédit immobilier au 1er trimestre

nullL’observatoire Crédit Logement / CSA dressait le bilan de l’activité du marché du financement immobilier au cours de ce 1er trimestre 2024.


La Banque de France confirme la baisse des taux de crédit immobilier

Selon la dernière étude mensuelle sur les crédits aux particuliers, les taux ont reculé en février, une première depuis deux ans. La production de prêts, elle, reste à un plus bas depuis 2014.


Les taux d’usure continuent d’augmenter au 2e trimestre 2024

Les taux d’usure ont été, comme chaque trimestre, relevés. Au-delà d’une maturité de 10 ans, ceux-ci sont désormais clairement au-delà de la barre des 6%.


«La situation s’améliore» sur le front des taux, selon Meilleurtaux

Le courtier a fait part mardi de son 39e observatoire du crédit immobilier.


Immobilier : Banque Populaire AURA ne voit pas de reprise en 2024

nullLa Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes a fait part mardi de ses résultats annuels. Sur les marchés de proximité, la production de crédits immobiliers a reculé de plus de moitié en 2023.


Les crédits aux particuliers sous les 10 milliards d’euros en janvier

La Banque de France a fait état de sa note mensuelle sur le crédit aux particuliers.


Nouvelle baisse des taux en février

L’observatoire Crédit Logement/CSA a fait part de son point mensuel sur le crédit immobilier.


Nouvelles baisses des taux de crédit immobilier en mars

C’est le constat dressé en ce début de mois par les baromètres de différents courtiers en crédit immobilier.


Une production de crédits l’habitat de 153 milliards d’euros en 2023

nullHors renégociations, la production a atteint 129,5 milliards d’euros, en nette baisse par rapport à 2022. Selon les intermédiaires en crédit, les taux poursuivent leur repli en février.


Des baisses de taux de crédit immobilier dans toutes les régions

nullC’est ce que confirme Empruntis, qui évoque une « nouvelle dynamique » après une période d’accalmie.


La production de crédit à l’habitat poursuit son repli

La production de crédits à l’habitat hors renégociations a atteint un nouveau plus bas depuis 2014 en novembre. Les taux, eux, sont en baisse en ce début d’année selon les courtiers, ce qui pourrait augurer d’un retour des banques sur ce segment de marché.


Retour à une publication trimestrielle pour le taux d’usure

nullC’est ce qu’a confirmé la Banque de France ce jeudi.


2024, année de baisse des taux ?

Plusieurs banques ont fait part de fortes baisses de leurs grilles, selon le courtier Emprunt Direct.


Une production de crédits à l’habitat qui se stabilise


La production hors renégociations est ressortie stable en octobre à 9,2 milliards d’euros.


Crédit immobilier : ralentissement de la hausse des taux

Les taux ralentissent en ce début de mois, selon les premiers barèmes reçus en ce début de mois de décembre.