« Nous devenons une profession réglementée » | Lyon Pôle Immo

« Nous devenons une profession réglementée »

A partir de janvier 2013, le secteur du courtage en crédit immobilier est amené à se transformer, avec la création du statut d’intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement (IOBSP). Pascal Beuvelet, président d’in&Fi et de la fédération AFIB Immo, nous parle de cette transformation importante dans la profession.

Quelle est la philosophie générale de cette réforme des intermédiaires en opération de banques ?

Le législateur a fait cela à la fois pour la protection du consommateur et le contrôle des banques. Cette réforme a été initiée suite à la crise des subprimes américains, où beaucoup d’argent avait été prêté par les banques sans considération des capacités de remboursement des emprunteurs. Le législateur français et européen a donc décidé de réglementer, en rendant obligatoire une information précontractuelle du consommateur.

Quel est l’impact de cette nouvelle législation ?

Elle impacte particulièrement toute la profession de l’immobilier, et beaucoup d’acteurs ne se sont pas encore rendu compte des changements importants que ceci implique. L’intermédiaire en opérations de banques existait déjà, mais le législateur a défini des règles lourdes. Celles-ci concernent les règles d’accès à la profession, et notamment en termes d’honorabilité. Pour contrôler celle-ci, les intermédiaires sont donc obligés de faire une demande de casier judiciaire n°2. C’est l’ORIAS, qui contrôlait déjà les courtiers en assurance, qui va donc vérifier si la personne a la capacité de pouvoir exercer et qui tiendra à partir de janvier un registre commun aux intermédiaires en banque et en assurance. Pour être IOB, il faudra être inscrit à ce registre, qui sera en outre consultable par le grand public. Toute personne qui demande la réalisation d’une étude de financement pourra donc voir si la personne qui est en face de lui est bien un IOBSP. S’il ne l’est pas, on sera face à un exercice illégal de la profession. Et à la différence des agents immobiliers, chaque salarié de l’agence de courtage doit avoir la capacité, et tous les mandataires doivent avoir le même niveau de capacité que le directeur. Les salariés sont donc obligés de se former pour devenir IOBSP.

Y-a-t-il un système d’acquis professionnels, comme c’est le cas dans un certain nombre d’autres professions?

Oui, mais l’intermédiaire ne peut s’en prévaloir jusqu’en janvier 2013, à l’ouverture du fichier, et dans certain cas jusqu’au début 2014. D’une façon générale, dans les 3 mois de l’ouverture du fichier, s’il y a un contrôle dans une agence de courtage en crédit immobilier, le dirigeant devra être obligé de justifier que les personnes qui sont dans l’agence ont bien la capacité de le faire. Le contrôle sera effectué soit par l’autorité de contrôle prudentiel (ACP) qui contrôle les courtiers en assurance, les courtiers en crédit immobilier les assureurs et les banques, soit par la DGCCRF.

Nous sommes désormais une profession très strictement réglementée et l’exercice illégal de la profession relève désormais du pénal, avec à la clé de la prison et des amendes.

Quelles sont les exigences pour devenir IOB ?

L'intermédiaire doit se trouver dans l'un des trois cas suivants : premièrement, il peut justifier d’avoir été 4 ans intermédiaire en opérations de banques dans les 5 ans qui précèdent l’immatriculation. Pour un cadre, ce sera deux ans dans les trois ans qui précèdent. Deuxièmement, il peut justifier par le diplôme du niveau de licence dans les domaines de l’économie et la finance … Et troisièmement, il peut effectuer une formation de 80h à 150 heures suivant un programme qui a été précisé par arrêté.

Quelles sont les conséquences pour les agents immobiliers qui faisaient jusqu’ici des études de financement ?

Un agent immobilier qui fait une étude de financement pour un client qui arrive dans une agence exerce de fait un métier d’IOBSP. S’il n’est pas enregistré comme tel, il exerce une activité illégale. L’agent en question aura deux possibilités. Il peut tout d’abord rester indicateur d’affaires, lequel demeure dans la loi. L’agent immobilier, qui a fait signer une promesse de vente à un client, peut mettre en relation celui-ci avec un courtier ou avec une banque. Il doit toutefois s’en tenir à une information d’adresse et de coordonnées, auquel cas il pourra être rémunéré pour l’apport d’affaires en question. Des discussions ont d’ailleurs lieu entre l’AFIB et les banques pour réglementer tout le système des indicateurs d’affaires. L’autre solution pour les agents immobiliers qui font du volume, à savoir 30 ou 40 transactions dans l’année, c’est de devenir IOBSP.

Quid des centres de formation?

Il existe déjà des écoles de formation dont les parcours sont qualifiantes au métier d’intermédiaire en opération de banque. Les centres doivent faire une déclaration d’activité en préfecture, et être capables de former à ce métier. La principale problématique, c’est que si vous ne connaissez pas le métier, il est totalement impossible à enseigner. En l’état nous constatons une prolifération d’IOBSP qui créent une branche de formation au sein de leur structure.

Est-il prévu une régulation et un contrôle pour ces organismes de formation ?

A ce jour il n’existe aucune autorité de contrôle et c’est donc aux professionnels de la branche qu’il appartient de créer leur propre référentiel de contrôle. Heureusement dans ce domaine également une régulation s’organise. Ainsi les structures de formation de plusieurs grands réseaux d’IOBSP dont notre filiale l’IFIB se regrouperont dès septembre au sein d’une Fédération des Formateurs d’Intermédiaires en Opérations de Banque (FFIOB).

L’objectif est de professionnaliser l’activité en concertation avec les syndicats et les autorités administratives de telle façon que n’importe qui ne fasse pas n’importe quoi. Pour adhérer à la FFIOB es organismes de formation devront avoir un code APE de formation et d’un responsable pédagogique inscrit à l’ORIAS, l’avoir été ou avoir les capacités à l’être.






Si vous avez apprécié cet article, s'il vous plait, prenez le temps de laisser un commentaire ou de souscrire au flux afin de recevoir les futurs articles directement dans votre lecteur de flux.

Commentaires

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire

(requis)

(requis)


La Banque de France confirme la baisse des taux de crédit immobilier

Selon la dernière étude mensuelle sur les crédits aux particuliers, les taux ont reculé en février, une première depuis deux ans. La production de prêts, elle, reste à un plus bas depuis 2014.


L’APIC soutient une révision des dispositions applicables au HCSF

Caroline Arnould, présidente de association professionnelle des intermédiaires en crédits a été auditionnée dans le cadre de l’examen d’une proposition de loi portée par le député Lionel Causse.


«La situation s’améliore» sur le front des taux, selon Meilleurtaux

Le courtier a fait part mardi de son 39e observatoire du crédit immobilier.


Nouvelle baisse des taux en février

L’observatoire Crédit Logement/CSA a fait part de son point mensuel sur le crédit immobilier.


Nouvelles baisses des taux de crédit immobilier en mars

C’est le constat dressé en ce début de mois par les baromètres de différents courtiers en crédit immobilier.


Une production de crédits l’habitat de 153 milliards d’euros en 2023

nullHors renégociations, la production a atteint 129,5 milliards d’euros, en nette baisse par rapport à 2022. Selon les intermédiaires en crédit, les taux poursuivent leur repli en février.


Des baisses de taux de crédit immobilier dans toutes les régions

nullC’est ce que confirme Empruntis, qui évoque une « nouvelle dynamique » après une période d’accalmie.


La production de crédit à l’habitat poursuit son repli

La production de crédits à l’habitat hors renégociations a atteint un nouveau plus bas depuis 2014 en novembre. Les taux, eux, sont en baisse en ce début d’année selon les courtiers, ce qui pourrait augurer d’un retour des banques sur ce segment de marché.


2024, année de baisse des taux ?

Plusieurs banques ont fait part de fortes baisses de leurs grilles, selon le courtier Emprunt Direct.


Crédit immobilier : ralentissement de la hausse des taux

Les taux ralentissent en ce début de mois, selon les premiers barèmes reçus en ce début de mois de décembre.


Le taux d’usure passe le cap des 6% sur 20 ans

nullSur 20 ans et plus, pour sa dernière révision mensuelle, le taux maximal a passé cette barre symbolique.


Nouvelle hausse des taux de crédit immobilier

Les taux ont de nouveau augmenté en octobre, selon les baromètres émanant de divers courtiers en crédit immobilier.


Crédit immobilier : les règles d’octroi ne bougent pas

À l’issue de la réunion de ce mardi, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) n’a pas souhaité faire évoluer ses règles d’octroi de crédit à l’habitat.


Première stabilisation des taux de crédit immobilier

La Banque de France a fait état d’une nouvelle chute de la production de crédit à l’habitat en juillet. Toutefois, selon Emprunt Direct, les banques ont laissé leurs taux inchangés en septembre, après des mois de hausse continue.


Nouvelle hausse du taux d’usure pour septembre

nullLes taux réglementaires, communiqués mensuellement, ont été publiés au Journal officiel du 29 août.