Comment la désertion des bureaux va transcender l’immobilier tertiaire
TRIBUNE - La montée en puissance du télétravail aurait pu signer l’arrêt de mort des bureaux. Paradoxalement, elle attise leurs raisons d’être ! Comme de nombreux secteurs, l’immobilier d’entreprise doit accélérer sa transformation afin de s’adapter à l’évolution des attentes et des usages. Bienvenue dans l’ère des espaces de vie professionnelle, hybrides, collaboratifs et sociabilisants.
Par Ludovic Delaisse, Directeur Général de Cushman & Wakefield France
2020 a été une année bouleversante à bien des égards. L’urgence et l’inédit de la crise sanitaire ont contraint nombre d’entreprises à revoir leurs pratiques organisationnelles et leurs processus de production. S’il y a un domaine qui a été particulièrement impacté, ce sont bien sûr les ressources humaines. Le travail à distance a chamboulé les rapports au travail, au bureau et à l’entreprise. Il s’est imposé comme un défi majeur tant au niveau organisationnel que managérial.
Les managers intermédiaires sont en première ligne pour accompagner les équipes alors même qu’ils ne sont pas toujours formés, ni même à l’aise ou favorables à ce nouveau mode de travail. Sans compter que le télétravail reste un sujet clivant pour les collaborateurs eux-mêmes et les directions des entreprises. Pour une multitude de raisons, propres à chacun, il ne fait pas l’unanimité. En effet, nous ne sommes pas tous égaux face au télétravail …
Le retour généralisé sur site - souhaitons qu’il soit le plus rapide possible - ne relèguera pas le sujet aux oubliettes. Bien au contraire ; il n’y aura pas de retour en arrière.
Remplacer le besoin par l’envie
En 2020, les entreprises ont paré au plus pressé pour permettre la poursuite d’activité quoi qu’il en coûte. Priorité au business et au cash. Mais, avec la sortie du tunnel qui se profile, certains dossiers délicats vont remonter sur le haut de la pile … et s’imposer comme les prochaines urgences à traiter. Car, cette crise est une invitation à se réinventer de manière plus durable. Les codes et les attentes d’hier ne seront pas ceux de demain. Télétravail, expérience collaborateur, espaces de travail… sont autant de sujets qui nécessitent une réflexion approfondie pour espérer inspirer, attirer et fidéliser les talents, les clients et les partenaires de l’entreprise.
Une question en particulier est centrale : quelle sera la place, la fonction, le dimensionnement et la localisation des bureaux et du siège social dans le monde post-Covid ? Point de réponse universelle évidemment : tout dépend du secteur d’activité, de la typologie des collaborateurs et des parties prenantes amenées à se déplacer dans les locaux (clients, partenaires technologiques ou financiers…). En revanche, une chose est sûre, les bureaux ne seront plus de simples lieux de travail mais plutôt des lieux de vie professionnelle où les individus pourront apprendre, découvrir, échanger, partager, interagir, collaborer, innover…
Les bureaux devront tout à la fois :
-favoriser la productivité, la créativité, l’intelligence collective et la convivialité,
- stimuler l’envie, la motivation, l’énergie et le sentiment d’appartenance,
- être la vitrine de l’entreprise, le reflet de son identité et de son âme et ainsi servir ses ambitions en termes de capital humain et d’activités commerciales ...
Flexibilité et agilité, nouvelles valeurs cardinales
Seules une hybridation et une multiplication des espaces en fonction des usages permettront d’atteindre ces divers objectifs. À chaque tâche correspond en effet un environnement propice. Même la sérendipité, précieux fruit des échanges informels, doit être pensée et intégrée aux schémas organisationnels en tant que flux à part entière. Les idées naissent et circulent dans l’entreprise, au gré des flux humains, le siège social doit en constituer le catalyseur.
Les entreprises doivent dorénavant composer avec cette vision et enrichir leur offre de lieux et d’espaces de vie professionnelle. Les bureaux ne peuvent plus longtemps être envisagés comme un bloc monolithique, ils doivent être protéiformes et réversibles selon les besoins. Le flex office s’inscrivait ces dernières années dans une logique exclusivement économique. Le contexte actuel l’éclaire sous un nouveau jour : les entreprises lui reconnaissent de nombreux bénéfices, que ce soit en termes de sociabilisation, d’attractivité, de performance environnementale ou même de sécurité sanitaire.
L’immobilier en mouvement !
Nombre d’entreprises sont en train de se saisir de ces problématiques : leurs réflexions devraient aboutir sur une mise en exécution probablement au cours du second semestre 2021, voire sur les premiers mois de 2022. Repenser les espaces de travail est un chantier nécessairement long, ne serait-ce qu’au regard des contraintes juridiques et des travaux à mettre en œuvre.
Il ne sera pas dit que les cordonniers seront les plus mal chaussés… Dans le cadre de l’aménagement de notre futur siège social, dont nous prendrons possession cet cet automne, nous intégrons naturellement dans nos réflexions ces nouvelles considérations et attentes afin de satisfaire nos collaborateurs et de réenchanter leur expérience. La diversité des besoins fonctionnels et des aspirations personnelles complexifie le projet. Néanmoins, prétendre identifier aujourd’hui la solution idéale, celle qui coche toutes les cases, peut être vain et contreproductif car cette attitude peut conduire à un modèle figé aux antipodes de l’agilité que requiert la situation. Comme pour bon nombre de projets en entreprise, il est de bon ton d’avancer en mode « test and learn », en s’accordant d’emblée un droit à l’expérimentation … et donc à l’erreur.
D’ailleurs, la dimension humaine de ce projet immobilier est à mettre au centre de la réflexion. Ce chantier ne peut être considéré sous le seul angle organisationnel. Un accompagnement au changement, tant au niveau des managers que des collaborateurs, apparaît comme nécessaire. La multiplicité des usages ne doit pas rimer avec multiplication des nuisances au travail. L’accent doit être mis sur la pédagogie pour favoriser l’appropriation des nouveaux espaces, dans le respect des contraintes imposées par les activités auxquelles ils sont dédiés. L’adaptation et la diffusion d’une charte de vie au bureau ne sera pas plus superflue. Le change management est un facteur de réussite encore trop souvent sous-estimé.
Mettons toutes les chances de notre côté pour que ce projet humainement et économiquement stratégique porte tous ses fruits. Mettons à profit cette période inédite pour réinventer le vivre et travailler ensemble en entreprise.
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Commentaires
Bravo! plus que jamais nous avons besoin de rapprochements et d’échanges construits avec du sens!
j’espère poursuivre mon travail avec réflexions,
je le souhaite à tous les partenaires,consoeurs et confrères.
Catherine Pommier, architecte d’intérieur CFAI
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Denys LEGER, président d’ARCHIGROUP