Crédit immobilier : les banques de dépôt maximisent leurs marges | Lyon Pôle Immo

Crédit immobilier : les banques de dépôt maximisent leurs marges

En proie à des turbulences et à une chute de leurs valeurs boursières, les banques se montrent plus prudentes sur leur politique de crédit. Quitte à thésauriser en maximisant leurs marges sur le prêt immobilier.

Jamais depuis 2008, les banques n’avaient connu une telle tension. Les établissements sont dans l’œil du cyclone depuis quelques jours, certains investisseurs craignant notamment une dégradation de la note des institutions bancaires françaises par Moody’s.

Partout, les scénarii les plus fous émergent, comme la possibilité d’une nationalisation des banques françaises, une hypothèse qu’Eric Besson a été tenu de démentir ce matin, la jugeant « prématurée ». L’idée d’une sortie de la Grèce de la zone euro est de plus en plus souvent évoquée. Car c’est en particulier l’exposition des banques aux obligations d’Etat grecques, mais aussi espagnoles ou italiennes, qui préoccupe les opérateurs. Si bien que la méfiance, s’accentuant entre les banques, grippe chaque jour un peu plus le marché interbancaire.

Prudence croissante

Prudence est mère de sureté, dit-on… Les banques françaises cherchent donc depuis quelques mois à prendre soin de leurs ratios de liquidités pour respecter au plus tôt ceux des accords de Bâle 3, qui devraient entrer en vigueur en 2017… Or - et c’est là tout le paradoxe ! - les banques françaises prévoient d’atteindre les objectifs de ces accords dès 2013… Pourtant vertueuses de ce point de vue, les investisseurs s’acharnent: les marchés voient noir, et rien n’arrête la déroute du secteur en Bourse…

Pour contrer ce mouvement, les établissements n’ont d’autre choix que de gonfler leurs bas de laine. L’atonie économique ralentissant la dynamique du crédit aux entreprises, les banques n’ont d’autre choix que de ‘marger’ un peu plus le crédit immobilier. Alors que les taux de l’OAT ont baissé de manière continue depuis avril, les banques n’ont en effet pas répercuté ce mouvement dans leurs grilles de taux de crédit immobilier, préférant stabiliser leurs barèmes. Tous ? Pas tout à fait… Selon Meilleurtaux.com, une part minoritaire des banques -30% - ont baissé leurs taux. Il s’agit en substance du pourcentage le plus fort depuis l’an dernier. Mais il semblerait qu’il existe là encore une ligne de fracture réelle entre les établissements spécialisés et les banques de dépôt.

Les banques de dépôt à la peine

Le dernier baromètre d’Emprunt Direct montrait ainsi que les banques de dépôt étaient pour l’heure réticentes à s’engager dans un processus d’abaissement de leurs barèmes, alors même que certains établissements spécialisés, procédaient à d’importantes baisses, qui peuvent aller jusqu’à 30 points de base. « Par nature, ces derniers faisaient d'ores et déjà leurs marges sur le crédit, là où leurs homologues de dépôt comprimaient les leurs pour se rémunérer par la suite via les domiciliations » expliquait ainsi le courtier. Mais depuis mars, et la mise en garde du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, les banques se montrent moins agressives en termes commerciaux sur le crédit immobilier, ce qui – au passage - est une difficulté supplémentaire pour la course aux dépôts. Ce même Christian Noyer, était ce matin au front, pour défendre les banques françaises, qui n'ont, pour lui, ni souci de liquidité, ni problème de solvabilité".

Après un été de feu sur les marchés financiers, l’automne sera-t-il meurtrier ? Les banques de dépôt, au cœur de la tempête, pourraient durcir leurs conditions de crédit. Les investisseurs voient en effet l’assurance contre un défaut des banques françaises, les CDS, progresser à toute allure, dopant par ricochet le CDS de l’Etat français. Le piège pourrait de ce fait prochainement se refermer. Si les CDS français continuent de progresser à toute allure, certains investisseurs pourraient être acculés à se délester de leurs obligations d’Etat, provoquant de facto une hausse du rendement de l’OAT. Ce phénomène aurait un double impact : d’abord il comprimerait les marges des banques sur le crédit immobilier, qui pourraient être obligées de réduire encore leurs distributions de crédit, voire d’augmenter leurs taux. Et surtout, la France passerait dans la catégorie des supports ‘attaqués’, ce qui ferait de la dette française une cible facile, alors même que les dettes italiennes et espagnoles font, elles, l’objet d’un soutien de la BCE. Un scénario de nature à gripper un peu plus l’économie, et le secteur immobilier : les banques seraient en effet sous la menace de provisionner des pertes sur emprunts d’Etat grecs, mais aussi français et italiens... Pour l’heure, l’écart entre les rendements des Bunds et ceux de l’OAT sont à la hausse. Mais, à 78 points de base, on reste  dans des marges déjà connues, le spread ayant déjà flirté avec les 90 points de base. C’est une mince satisfaction, sans, pour autant, être un bon signe…






Si vous avez apprécié cet article, s'il vous plait, prenez le temps de laisser un commentaire ou de souscrire au flux afin de recevoir les futurs articles directement dans votre lecteur de flux.

Commentaires

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire

(requis)

(requis)


Une reprise de la production de crédit immobilier au 1er trimestre

nullL’observatoire Crédit Logement / CSA dressait le bilan de l’activité du marché du financement immobilier au cours de ce 1er trimestre 2024.


La Banque de France confirme la baisse des taux de crédit immobilier

Selon la dernière étude mensuelle sur les crédits aux particuliers, les taux ont reculé en février, une première depuis deux ans. La production de prêts, elle, reste à un plus bas depuis 2014.


La réforme du PTZ est actée

Le décret relatif aux prêts à taux zéro pour financer la primo-accession à la propriété est paru au Journal Officiel du 2 avril 2024.


L’APIC soutient une révision des dispositions applicables au HCSF

Caroline Arnould, présidente de association professionnelle des intermédiaires en crédits a été auditionnée dans le cadre de l’examen d’une proposition de loi portée par le député Lionel Causse.


Les taux d’usure continuent d’augmenter au 2e trimestre 2024

Les taux d’usure ont été, comme chaque trimestre, relevés. Au-delà d’une maturité de 10 ans, ceux-ci sont désormais clairement au-delà de la barre des 6%.


Logement : vers un nouveau zonage pour 800 communes

Le gouvernement propose le reclassement de communes en zone tendue, afin de répondre a la crise du logement.


«La situation s’améliore» sur le front des taux, selon Meilleurtaux

Le courtier a fait part mardi de son 39e observatoire du crédit immobilier.


Immobilier : Banque Populaire AURA ne voit pas de reprise en 2024

nullLa Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes a fait part mardi de ses résultats annuels. Sur les marchés de proximité, la production de crédits immobiliers a reculé de plus de moitié en 2023.


Les crédits aux particuliers sous les 10 milliards d’euros en janvier

La Banque de France a fait état de sa note mensuelle sur le crédit aux particuliers.


Nouvelle baisse des taux en février

L’observatoire Crédit Logement/CSA a fait part de son point mensuel sur le crédit immobilier.


Nouvelles baisses des taux de crédit immobilier en mars

C’est le constat dressé en ce début de mois par les baromètres de différents courtiers en crédit immobilier.


Crédit Logement lance une nouvelle offre de cautionnement

Cette offre est dédiée aux syndicats de copropriétaires.


Résultat net part du groupe en repli au T4 pour Crédit Agricole et Société Générale

Les groupes Crédit Agricole et Société Générale ont fait part jeudi de leurs résultats annuels. Pour les deux entités, le résultat net part du groupe s’affiche en repli.


Une production de crédits l’habitat de 153 milliards d’euros en 2023

nullHors renégociations, la production a atteint 129,5 milliards d’euros, en nette baisse par rapport à 2022. Selon les intermédiaires en crédit, les taux poursuivent leur repli en février.


Un dispositif de revue des crédits immobiliers non accordés

C’est ce qu’a annoncé la Fédération bancaire française pour permettre aux candidats à l’emprunt de comprendre la raison d’un éventuel refus, voire de bénéficier d’un éventuel réexamen de leur dossier de crédit.