La FFB envisage la fin d’un cycle dans le bâtiment | Lyon Pôle Immo

La FFB envisage la fin d’un cycle dans le bâtiment

La fédération française du bâtiment a fait part d’un bon niveau d’activité en 2018, mais a communiqué des prévisions plus mitigées pour l’année 2019.

Le président de la FFB, Jacques Chanut, a présenté mercredi un bilan de 2018 sur le front de l’activité. L’année s’est, selon le responsable, clôturé sur un bon niveau d’activité malgré de fortes contraintes. L’activité a atteint un « bon niveau », puisqu’elle a progressé encore de 2,3% en volume, après 4,9% en 2017 et 2% en 2016. L’activité future reste par ailleurs plutôt satisfaisante, avec des carnets de commandes s’affichant à haut niveau en fin d’année, « aux environs de 6 mois de production, tous métiers et toutes tailles d’entreprises confondus ».

L’emploi a suivi, a indiqué Jacques Chanut, avec une hausse de 2,6% en 2018, à 30.000 postes créés, dont 24.000 salariés, très majoritairement recrutés en CDI. « Le score eut pu s’avérer bien meilleur, si les entreprises n’avaient pas buté sur la contrainte de fortes difficultés de recrutement, quasiment aussi prégnantes qu’en 2006-2007. Ces dernières expliquent d’ailleurs un déport d’une partie de l’activité sur le début 2019 », regrette Jacques Chanut.

Changements dans les dispositifs

Mais le ton du président de la FFB était nettement plus négatif sur le front de la politique du logement. « 2018 a été aussi marquée par l’amorce d’un retournement sur le marché du logement. Comme nous l’avions craint et annoncé, la pénalisation tous azimuts de la pierre, faussement assimilée à une « rente », a cassé l’élan. Baisse des APL locatives, mise en place de la réduction de loyer de solidarité (RLS) et hausse à 10% de la TVA applicable dans le locatif social; suppression de l’APL accession ; suppression de l’éligibilité au « Pinel » en zones B2 et C, mise en place de l’IFI et non éligibilité des revenus fonciers au Prélèvement forfaitaire unique (PFU) ; sortie progressive des fenêtres et chaudières performantes au fioul du champ du CITE, ces attaques concertées sur tous les segments du marché ont fini par déstabiliser les acteurs. Et encore, le PTZ a été sauvé, bien que raboté, en zones B2 et C ! », a lancé le représentant de la fédération

Les mises en chantier de logements ont ainsi baissé de 6% en 2018, passant de 428.000 à 404.000 unités. Avec des permis et des ventes de logements en diminution, la FFB prévoit la baisse des mises en chantier s’accélèrera en 2019, pour atteindre un recul de 7%, avec un décompte des logements commencés à un niveau un peu en deçà de 380.000 unités, à 377.000 unités.

Compte tenu des délais de production, l’activité des entreprises de bâtiment en logement neuf s’est logiquement maintenue en hausse de 2,8 % en 2018, mais connaitra un repli progressif en 2019 pour ressortir à -4,5 % sur l’ensemble de l’année. « Comme en 2012-2013, la reprise fléchira donc sous les coups de boutoir des économies budgétaires de court terme », prédit-il.

La tendance reste plus favorable dans le non résidentiel neuf, non soumis aux aléas des dispositifs publics de soutien de la demande. « Hors locaux agricoles, les surfaces commencées progressent encore de 1,3% en 2018 et connaîtront une quasi-stabilisation en 2019, à -0,4 %. Ce tassement de tendance ressort principalement de l’évolution sur le segment des locaux commerciaux qui, après une bonne résistance pendant la crise 2007-2015, souffre de l’explosion d’une bulle immobilière et de la concurrence de l’e-commerce. Quant aux bâtiments industriels et assimilés, ils ont connu un passage à vide au deuxième semestre 2018. Mais les dernières enquêtes de l’Insee auprès des industriels laissent espérer un simple report des investissements prévus sur 2019. Enfin, le marché des bureaux reste très bien orienté et celui des bâtiments administratifs bénéficie de l’aspiration créée par les municipales de 2020», note Jacques Chanut. L’activité en non résidentiel neuf des entreprises est en très nette hausse, de 7,4% en 2018 et devrait ressortir à +3% en 2019.

Jacques Chanut a également évoqué le segment de l’amélioration-entretien, qui a souffert des hésitations du marché de la rénovation énergétique. L’activité a, sur l’année écoulée, connu une petite hausse de 0,8%. Mais le président de la FFB se montre plus positif, la réintégration du remplacement des fenêtres à simple vitrage dans le champ du CITE devant selon lui permettre de conserver un peu d’allant au marché, qui progressera de 0,5 % en 2019.

Haut de cycle

Selon Jacques Chanut, l’année à venir devrait se passer en deux temps. « Il semble que le secteur s’approche progressivement d’un haut de cycle. La première moitié de 2019 bénéficiera encore de l’élan engrangé en 2018, mais la seconde moitié de l’année souffrira de la chute du logement neuf, seulement partiellement compensée par la dynamique du non résidentiel neuf et par la résistance de l’amélioration-entretien. Au total, l’année 2019 s’affichera en léger retrait de 0,5 % ».

Mais l’emploi devrait toutefois ne pas être pénalisé avec une année légèrement positive sur ce front, « avec de l’ordre de 5.000 postes créés en moyenne annuelle ».

Il a en outre réalisé trois propositions, qui devraient permettre de mettre un frein à la baisse du logement, à savoir une annonce de réouverture du PTZ en zones B2 et C. « Nous souhaitons que l’on débouche rapidement, avant la fin juin 2019, sur la pérennisation du dispositif, à l’horizon du quinquennat, avec une quotité de 40 %, soit un alignement sur ce qui existe déjà pour les zones A et B1. Sous cette condition, la casse sur le logement neuf se trouverait limitée en fin 2019 et au-delà ».

L’autre proposition est la relance effective de l’Anru et la mise en place du programme « Action Cœur de ville », accompagné depuis du « Denormandie ancien ». Le « Denormandie ancien », même à supposer que seuls 10 % du parc vacant éligible en bénéficient, c’est un total d’environ 40.000 logements locatifs privés qui pourraient revenir sur le marché locatif privé.

Les lois Elan et Essoc votées en 2018 et les mesures structurelles qu’elles contiennent, notamment en matière de simplification et d’amélioration des règles d’urbanisme, devraient par ailleurs permettre de progressivement faciliter l’acte de construire, tout en limitant les hausses de coût.






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