Bron : inauguration de l’esplanade Dr Adélaïde Hautval

L’esplanade dédiée à la mémoire de cette femme de médecine a été inaugurée dans l’enceinte du Vinatier.

Véronique Moreira, Vice-présidente de la Métropole de Lyon charge de l’Éducation et du travail de mémoire, Pascal Blanchard, Vice-président de la Métropole de Lyon en charge des politiques de santé et Président du Conseil de surveillance du Vinatier, Pascal Mariotti, Directeur général du Vinatier et Frédéric Meunier, Président de la Commission Médicale d’Établissement, ont, ce vendredi 18 avril, inauguré l’esplanade dédiée à la mémoire du docteur Adélaïde Hautval dans l’enceinte du Vinatier, Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole.

La cérémonie s’est déroulée à 10h15 vendredi, en présence des élèves du collège Picasso de Bron, de l’orchestre de l’École de santé des armées et des élèves du Centre de Formation des Musiciens intervenant à l’école (CFMI). Le Dr Adélaïde Hautval, médecin et psychiatre, lors de la Seconde Guerre mondiale, s’est engagée durant sa déportation à devenir une femme médecin en camp de concentration, s’opposant aux nazis qui voulaient la contraindre à participer à leurs expérimentations sur des femmes déportées.

« Donner le nom d’Adélaïde Hautval à cet espace, au cœur Vinatier, est une formidable manière de rendre hommage à la femme de médecine et à la femme de cœur qu’elle était. Exercer la médecine, la psychiatrie, soigner son prochain dans un endroit où la mort régnait, c’était avant tout un acte d’engagement personnel. Cet engagement est aujourd’hui immortalisé là où se côtoient le personnel et les patients, un lieu où vont résonner les dimensions humanistes et citoyennes du centre d’exception qu’est le Vinatier. »

Pascal Blanchard, vice-président de la Métropole de Lyon en charge des politiques de santé et président du conseil de surveillance du Vinatier

« Le Dr Adélaïde Hautval a choisi, dans des conditions extrêmes, de continuer à exercer son métier de psychiatre, au péril de sa vie. Nous sommes reconnaissants et fiers de lui rendre hommage avec cette esplanade très fréquentée, chaque jour, par celles et ceux qui ont aussi choisi cette voie professionnelle de la psychiatrie. Depuis 2020 et l’engagement de sa transformation, le Vinatier a considéré que la qualité et la pertinence du service qu’il rend à la population à travers son offre de soins étaient étroitement interdépendantes de son ouverture et de son articulation à la ville et à ses acteurs. Aujourd’hui, grâce à l’action de nos professionnels, ce sont plus de 30000 patients qui sont pris en charge chaque année, au plus près de leur lieu de vie. »

Pascal Mariotti, directeur général du Vinatier, psychiatrie universitaire Lyon Métropole

La vie d’Adélaïde Hautval

Adélaïde Hautval, née le 1er janvier 1906 au Hohwald (Bas-Rhin), était une psychiatre française, rescapée des camps de concentration nazis et reconnue « Juste parmi les nations ». Une fois ses études de médecines terminées à Strasbourg elle part travailler en Suisse. Elle est arrêtée en avril 1942, alors qu'elle traverse la ligne de démarcation à Vierzon pour aller assister aux funérailles de sa mère. Internée à la prison de Bourges, elle prend la défense en allemand d'une famille juive maltraitée. Sa défense des juifs lui vaut d’être déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943.

Sa qualité de médecin est reconnue et elle se voit affectée au block 22, où elle s'occupe de détenues allemandes, puis est envoyée en avril 1943 au block 10 du camp principal. Adélaïde Hautval refuse de participer aux « expériences » du médecin-chef mais prend en charge les soins post-opératoires. Lorsqu'un nouveau médecin-chef est affecté à ce service, il ordonne à Adélaïde Hautval de l'assister, ce qu'elle refuse et elle est renvoyée parmi les autres détenues du camp. Adélaïde Hautval est par la suite de nouveau affectée comme médecin au camp. En tant que psychiatre, elle est amenée à examiner des femmes devenues folles.

Volontaire pour « voir » et « dire après », elle assiste à plusieurs séries d'expériences des médecins nazis, tout en soulageant ses camarades et en les faisant échapper à la mort. Elle est transférée à Ravensbrück le 2 août 1944 et voit la libération du camp en avril 1945. Elle décide d’y rester avec Marie-Claude Vaillant-Couturier afin de s'occuper des malades qui ne peuvent être immédiatement transportés. Elle quitte le camp pour la France avec les derniers malades français le 25 juin 1945.

N'appartenant à aucun réseau ou organisation de résistance, Adélaïde Hautval n'obtient qu'avec difficulté une carte de déportée résistante qui lui est donnée en 1963. Elle est décorée de l'Ordre national de la Légion d'honneur en décembre 1945 pour son dévouement envers les autres déportés dans les camps. En 1946, Adélaïde Hautval écrit «Médecine et crimes contre l'humanité», qui sera édité en 1991. Le 18 mai 1965, Adélaïde Hautval reçoit la médaille des « Justes parmi les nations ». Se découvrant des signes de la maladie de Parkinson, elle avait mis fin à ses jours le 12 octobre 1988.

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