La tourbière du Grand-Lemps, une vieille dame de 15 000 ans | Lyon Pôle Immo

La tourbière du Grand-Lemps, une vieille dame de 15 000 ans

Bien qu’elles aient traversé les âges, les tourbières sont des écosystèmes particulièrement fragiles, qui font l’objet de soins attentifs et de plans de gestion visant la restauration et la protection de leur richesse patrimoniale. Visite du jardin de la tourbière du Grand-Lemps avec son conservateur, Grégory Maillet.

La Tourbière du Grand-Lemps et de Châbons est un morceau de Scandinavie sauvegardé près de chez nous. Les remontées d’eau froide par le fond, résurgences de sources à 12/14 °C, et le climat de ce secteur du Dauphiné connu comme « Terres froides » expliquent en grande partie le phénomène.

La dépression dans laquelle la tourbière a pris naissance, à l’époque post-glaciaire, est une des vallées creusées par les doigts du glacier du Rhône, qui venait ici se confronter à celui de l’Isère.

Très tôt objet d’attentions de la part de la collectivité, les 53,5 ha de la tourbière sont classés Réserve naturelle depuis 1993 et un périmètre plus large (850 ha) suivant les limites du bassin versant (sur les communes de Châbons, Le Grand-Lemps, Bizonnes, Burcin et Colombe) constitue la zone Natura 2000.

1 mètre en 1000 ans

Grégory Maillet, conservateur auCEN Isère, connait son sujet sur le bout du doigt. Il comment la visite pour Stéphane Collet-Beillon, technicien Environnement de Bièvre-Est et Marie-Pierre Barani, maire de Châbons. Cette dernière est un peu chez elle dans le jardin de la tourbière, qui s'étend également sur sa commune, et non pas seulement sur celle du Grand-Lemps. [Photo Enviscope]

Grégory Maillet, conservateur au CEN Isère, connait son sujet sur le bout du doigt. Il commente la visite pour Stéphane Collet-Beillon, technicien Environnement de Bièvre-Est et Marie-Pierre Barani, maire de Châbons. Cette dernière est un peu chez elle dans le jardin de la tourbière, qui s'étend également sur sa commune, et non pas seulement sur celle du Grand-Lemps. [Photo Enviscope]

La quasi-totalité du site appartient au domaine privé et seule la zone acquise par le Conseil général et aménagée en jardin de Tourbières est accessible librement. Grâce à ses quelque 450 m d’allées en caillebotis, il donne au public un point de vue irremplaçable sur les différents types de flore et d’habitats.
La particularité du milieu est liée à la constitution de la tourbe, cette matière organique fossile, accumulée sur une très longue période. Il faut mille ans pour obtenir un mètre de tourbe. Quinze mètres de tourbe représentent donc quinze-mille ans. Comme dans la glace, on peut y faire des carottes et étudier la composition de chaque tronçon.

Ce travail a été réalisé par la palynologue Jeannine Clerc, qui grâce à l’étude des pollens contenus dans les prélèvements a pu déterminer les grands événements marquant chaque période (disparition des grands herbivores, arrivées des Romains, plantation des premières vignes,…).

L’homme a pris le relais de l’auroch

Depuis les années 50, 80% des tourbières ont disparu dans le département, indique Grégory Maillet, conservateur du CEN Isère[1], gestionnaire de la Tourbière. Dans celles qui restent, beaucoup d’espèces sont menacées. Les papillons, les libellules (49 espèces recensées), le triton crêté, l’araignée dolomède ou le héron butor étoilé sont quelques exemples de ces représentants de la faune, très vulnérables à la pollution, qui évidemment s’accumule dans les points bas que constitue la tourbière.

Du côté de la flore, réserve naturelle ne veut pas dire laisser faire la nature.

Les milieux se ferment inexorablement et la forêt prend le dessus. L’homme avait pris le relais de l’auroch ou l’élan, qui maintenaient naturellement l’ouverture du milieu, mais le fauchage à la main a été interrompu en 1967.

Aujourd’hui si l’on ne veut pas que les bouleaux envahissent les roselières, habitat de nombreuses espèces d’oiseaux, si on veut maintenir la prairie tourbeuse des orchidées, préserver les sphaignes ou limiter la croissance de plantes carnivores comme la sarracénie pourpre, il faut jardiner la nature.

Un plan de gestion sur 10 ans

C’est un gros travail de surveillance, collecte et protection qui est objectivé par le CEN Isère dans un plan de gestion. Celui prévu de 2010 à 2019 détaille 21 objectifs à long terme, dont les priorités vont à la préservation de la qualité optimale de l’eau, la conservation des habitats naturels en milieux alcalins et acides, la protection des amphibiens (tritons), de l’avifaune, des odonates (libellules), de la tortue cistude et de l’intégration de la tourbière dans un réseau de bio-corridors.

De très nombreux objectifs opérationnels, scientifiques, d’accompagnement ou de fréquentation, ainsi que leur programmation, viennent décliner l’ensemble du plan.

Pour préserver la qualité de l’eau par exemple, Grégory Maillet explique qu’il travaille conjointement avec la Chambre d’agriculture et les agriculteurs (une vingtaine sur le bassin versant), pour les inciter à convertir les parcelles cultivées en pâtures, comme on le fait sur des zones de captage prioritaire.

Des bonnes pratiques qui finissent par se diffuser et permettent de préserver pour le public et les générations futures ce milieu si original qu’est la tourbière.

antoine.reboul@enviscope.com

 

POUR EN SAVOIR PLUS

http://www.cen-isere.org/sites-amenages/reserve-naturelle-nationale-du-grand-lempschabons/#toggle-id-2

 

[1] Créée en 1985, l’Association Avenir, devenue Conservatoire d’Espaces Naturel Isère, gère une vingtaine de sites naturels remarquables. Le CEN Isère intervient également sous forme d’assistance aux communes dans le cadre de leurs projets d’aménagements. Il coordonne des inventaires départementaux de milieux naturels et participe à l’élaboration de documents d’objectifs Natura 2000.
En 2013, le CEN Isère a reçu l’agrément national des conservatoires d’espaces naturels, délivré par le préfet et le président de la Région. CEN Isère est une des 4 entités départementales du conservatoire régional le CREN.






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