«On va se priver d’un potentiel de construction neuve»
Ludovic Scarpari est le président de la LCA-FFB Auvergne-Rhône-Alpes. Nous évoquons avec lui le plan logement présenté la semaine dernière par le gouvernement.
Quelle est votre ressenti suite aux annonces gouvernementales effectuées mercredi dernier ?
Tout d’abord, tant dans le secteur de la maison individuelle que dans l’aménagement ou la promotion immobilière, il nous manque encore le projet de loi de finances pour avoir une vision globale des impacts possibles sur notre secteur d’activité. Celui-ci nous permettra, lorsqu’il sera connu, d’avoir une vision plus large sur ce qui nous attend demain.
Sur ce que l’on nous propose, nous nous félicitons de la prolongation du dispositif Pinel sur 4 ans, parce que cela donne de la visibilité. Emmanuel Macron reste, en cela, fidèle à ce qu’il avait promis. Nous avons besoin de visibilité pour que les gens investissent, mais aussi pour que nous puissions sortir nos dossiers. En promotion immobilière, il nous faut, en général, un an pour monter une opération. Si nous n’avons pas un peu de visibilité, nous ne pouvons pas nous positionner sur des fonciers et développer des dossiers sur ceux-ci.
Cette prolongation est donc une bonne chose, même si l’on peut regretter que le dispositif soit restreint aux zones tendues. Le Pinel ne sera plus possible en zone B2. Pour le renouvellement urbain des villes moyennes, c’est un coup dur.
Montélimar et Valence ne seront, par exemple, plus concernées par ce dispositif…
Oui, elles sont en zone B2. On va se priver d’un potentiel de construction neuve qui aurait surement trouvé preneur. Vous avez toujours des investisseurs locaux qui veulent investir près de chez eux. Si vous leur proposez un investissement dans leur ville en profitant du dispositif Pinel, ça les intéresse. Beaucoup de gens se positionnent aujourd’hui en se disant que, dans 10 ou 15 ans, leur investissement pourra se muer en une résidence principale. Dès l’instant où ils ne peuvent plus le faire près de chez eux, dans la région dans laquelle ils veulent continuer à vivre, on les dissuade d’investir.
L’autre aspect, c’est que le coût de construction constitue un minimum. Quand bien même le terrain ne serait pas cher car situé à Montélimar ou Valence, ce coût est incompressible. Ces gens-là ne réaliseront pas d’investissement sans un coup de pouce fiscal comme le dispositif Pinel qui pousse à la décision.
L’autre restriction concerne aussi le PTZ, qui ne sera plus possible à terme dans le neuf au sein de certaines zones…
Sur les zones B2 et C, c’est là où l’on trouve le plus de candidats à l’acquisition d’un logement neuf, sous forme de maisons neuves. Dans ces zones-là, l’apport que représentait le PTZ, mentionné dans le montage financier sous forme d’un apport ne va plus exister. Cela avait bien redémarré avec le PTZ+ fin 2014. On va encore subir un coup de frein. Pour un certain nombre de personnes, localement, il ne sera pas possible d’acheter une maison.
Ce n’est pas bon pour la fracture territoriale. On ne va pas favoriser le développement de ces territoires. Les gens ne parfois vont pas trouver à s’y installer de manière durable, de la manière dont ils veulent le faire, à savoir construire une maison individuelle à un coût qu’ils peuvent assumer. Dans ces zones-là, où le bâtiment représente une partie non négligeable des emplois par rapport à des industries lourdes qui ne sont souvent pas présentes, cela peut être un coup dur pour l’emploi.
Ce fléchage des aides – PTZ et Pinel - vers les zones tendues ne pourrait-il pas avoir un impact haussier sur les prix au sein des grandes métropoles ?
Il peut avoir un impact sur les prix puisqu’il va concentrer aides sur les zones tendues. D’un autre côté, c’est dans ces zones y a le plus de besoin en logements. Or tant que le foncier n’est pas abondant, on a le risque de rareté de ce dernier. Et compte-tenu du fléchage sur ces zones-là, on va avoir une demande plus forte sur le foncier, qui va peut-être avoir tendance à le surenchérir. A moins que les mesures annoncées par le gouvernement entourant la fiscalité des plus-values à un horizon 3 ans puissent produire leur effet pour rendre le foncier plus disponible et plus abondant.
Sur bon nombre d’agglomérations, les « grenellisations » successives des PLU se sont traduites par une raréfaction du foncier. Ce phénomène et la fin du PTZ dans les zones dites non tendues peuvent-ils représenter un danger ?
Cela peut représenter un danger. Si du foncier n’est pas mis sur le marché soit par des propriétaires tentés par la nouvelle mesure de diminution temporaire de la fiscalité sur les plus-values, soit par la production de foncier de type ZAC par les collectivités locales, il existe un risque de surcout du foncier.
Quels sont les points positifs du plan logement ?
La mise à disposition de foncier public est une bonne chose, même si celle-ci avait déjà été promise par Cécile Duflot lorsqu’elle était ministre. La production de logement issue de ce foncier n’a malheureusement pas été suffisante, et il ne faudrait donc pas que cette situation se reproduise. A la lumière de cette première expérience, je pense que des enseignements seront tirés.
Je note la volonté de mettre un coup d’arrêt pour freiner les recours abusifs. En attendant de connaitre la méthode, je pense que c’est une bonne chose. Ensuite, il y a la volonté de freiner l’inflation normative, voire d’engager une déflation normative. Lorsque l’on évoque la hausse des couts de construction, les normes y sont pour beaucoup. L’aspect environnemental est devenu très lourd dans le développement des dossiers, notamment dans le cadre d’aménagements de foncier, de création de terrains à bâtir.
Les annonces concernant le renouvellement urbain sont aussi positives ?
Oui, car il faut revitaliser l’ANRU, qui est passée dans une phase basse depuis quelques temps. Il faut donner des moyens au NPNRU. Beaucoup de quartiers ont amorcé une mue. Il faut la poursuivre.
Les mesures visant à fluidifier les parcours des occupants dans le parc social est aussi un élément majeur. Il faut que le logement social retrouve sa fonction première, à savoir de loger des gens dont les moyens correspondent aux niveaux de revenus pour lesquels ces logements sont destinés. Aujourd’hui, le fait que la zone soit tendue incite les gens à rester dans leur logement. Il y a de fait un manque de fluidité : on ne débloque pas de nouveaux logements occupés pour de nouveaux locataires potentiels qui ont parfois des revenus plus faibles que les personnes qui ont vu leurs revenus augmenter depuis le temps où ils sont entrés dans le logement.
Tweet |
Si vous avez apprécié cet article, s'il vous plait, prenez le temps de laisser un commentaire ou de souscrire au flux afin de recevoir les futurs articles directement dans votre lecteur de flux.
Vicat prévoit une hausse modérée de l’Ebitda en 2025
Le groupe cimentier basé à L’Isle d’Abeau a annoncé ce mardi ses résultats annuels 2024.
Réservations de logements neufs stables en Auvergne
C’est ce qui ressort du dernier observatoire de la FPI.
Une «hécatombe» des ventes de logements neufs en 2024
La fédération des promoteurs immobiliers a fait part de son bilan en termes de ventes de logements collectifs neufs sur l’année écoulée. Les réservations se sont un peu plus éloignées de la barre des 100.000 unités.
L’incertitude au plus haut dans le bâtiment
L’indicateur mensuel d’incertitude de la Banque de France monte dans le secteur, selon l’enquête mensuelle de conjoncture de l’institution.
Alliade Habitat : une forte production en 2024
Le bailleur social dressait il y a quelques jours le bilan de l’année 2024. Le plan de relance lancé par Action Logement en 2023 a entraîné, dans un contexte de hausse des taux du Livret A, une dégradation des équilibres économiques de l’ESH.
Les résultats de Vinci bien accueillis
Suite à l’annonce d’une hausse du chiffre d’affaires et des résultats du géant du BTP jeudi soir, l’action a été prisée vendredi en Bourse de Paris. Les réservations de logements de Vinci Immobilier ont progressé de 14% en 2024.
La FFB salue des mesures concrètes pour le bâtiment dans le budget 2025
La fédération du bâtiment a évoqué un réel soulagement pour le secteur de la construction.
L’Alliance pour le logement se félicite du vote du budget
Ses membres ont accueilli avec satisfaction le vote transpartisan de mesures importantes sur le logement, dont la restauration d’un PTZ facilitant l’accession à un logement neuf pour les primo-accédants sur tout le territoire.
Une nouvelle présidente pour les groupes femmes de la FFB AURA
Valérie-Anne Charroin succède à Karine Druguet, qui a assuré la présidence durant 4 ans.
330.400 permis de construire et 263.100 logements mis en chantier en 2024
Le SDES a fait part de statistiques sur les autorisations à la construction et les mises en chantier de logements, au plus bas l’an dernier. En Auvergne-Rhône-Alpes, les ouvertures à la construction ont reculé de 5,6% par rapport à 2023.
Trévoux : livraison de 84 logements par Icade et REI Habitat
Les deux entités ont livré le programme « Origine » au sein de l’écoquartier des Orfèvres, dont les 84 logements sont majoritairement en bois.
Confluence : des permis de construire déposés sur deux îlots
Les îlot B1 et D3 sont respectivement réalisés par Nexity et par Quartus et Lyon Métropole Habitat.
7ème trimestre de baisse consécutif pour l’artisanat du bâtiment
Le secteur continue de subir une baisse de son activité, a indiqué ce mardi la CAPEB.
La Métropole de Lyon tire un bilan positif du plan d’urgence pour le logement
Ce plan lancé en septembre 2023, qui visait à accompagner un certain nombre d’opérations en souffrance, a permis le soutien de 118 opérations et le déblocage de 7.000 logements.
65 % des locataires aspirent à devenir propriétaires
Devenir propriétaire est un objectif majeur pour 72 % des locataires français, selon une étude réalisée par OpinionWay pour Altarea, qui a exploré les aspirations et les incertitudes de plus de 2 500 locataires français en matière d’accession à la propriété.
Commentaires
Pas encore de commentaire.
Laisser un commentaire